Je viens de visiter l’exposition de Miró à Québec. Ou plutôt devrais-je dire Miró à Majorque.

Miró à Majorque Un esprit libre

Je suis allée seule voir l’exposition de Miro puisque Lhom, difficile à convaincre, a préféré aller courir. J’ai joint l’utile à l’agréable et je suis allée à pied, histoire moi aussi de faire mon exercice. En cheminant, je réfléchis et m’interroge sur ce que je devrais faire ou exploiter pour avancer mes projets littéraires. Retravailler mon premier jet de roman? En commencer un nouveau? Bâtir un recueil de nouvelles avec ce que j’ai déjà écrit? Au bout de quarante-cinq minutes, le musée est là qui m’attend.



IMG_2419

Miró

N’ayant pas de réponses à mes questionnements, je demande à l’univers de m’envoyer des synchronicités pour me diriger dans ces projets d’écriture.

Je n’ai pas pu faire le tour guidé car il était déjà complet, je me suis dit que je pourrais m’y joindre de façon non officielle mais finalement j’ai fait la visite à mon propre rythme.

À chaque fois où je vais au musée, j’aime faire un achat à la boutique à la fin de la visite. Cette fois-là, contrairement à mon habitude, je suis allée faire un tour au début. Aucune inspiration, je n’ai cliqué sur rien. L’achat sera pour une autre fois, me suis-je dit.

Miró et Esther Croft

Ce qui m’a frappé au début de l’exposition, c’est le principe d’atelier de Miró, comme une grotte où il pourrait se laisser aller à faire toutes sortes d’expériences artistiques sans barrière. Un peu comme Esther Croft nous a montré dans ses ateliers d’écriture. Ne pas se mettre d’œillère. Se laisser aller à écrire quitte à rayer après.

Miró et Michelle Obama

J’ai aimé le concept et cela m’a fait penser à celui de « trou » décrit par Michelle Obama dans son livre « Devenir ». Elle y explique que son mari a besoin d’un trou, un endroit réservé pour lui seul où il peut lire, vivre dans son désordre et surtout écrire en solitaire. La notion de solitude est ici importante comme aussi mentionné dans le cas de Miró.

Miró et l’oeil


Autre thème ou symbole chez Miró qui m’a frappé, est celui de l’œil, présent dans plusieurs de ses œuvres. Est-ce pour moi une sychronicité? Je me rappelle que mon professeur de création littéraire à l’université, une femme dont j’ai peine à me rappeler le nom, avait vu un lien, un thème récurrent dans mon écriture. Serez-vous surpris si je vous dis que c’est l’œil, la vison et tout ce qui s’y rattache? Phénomène inconscient chez moi à l’époque, je pourrais y porter plus attention et peut être l’exploiter.

IMG_2431

Miró à Québec

Miró disait avoir besoin d’un point de départ, une poussière, un éclat de lumière ou n’importe quoi d’autre, mais un point de départ pour toute œuvre.
Autre chose que j’ai aimé sur son activité artistique: l’expérimentation. Comme s’il s’était permis dans cet atelier solitaire à se laisser aller à faire toutes sortes d’expériences sur différents matériaux sans se soucier des convenances ou des façons de faire de l’époque.

Miró et ses canevas originaux

Exemple, il a créé des peintures sur des œuvres achetées au marché aux puces. Il se servait de ces toiles comme canevas pour les siennes. Il y a même une œuvre faite sur une tapisserie très ancienne et décolorée par la lumière. Jamais je n’aurais osé faire ça! Cela m’a donné une idée.

J’ai pensé que je pourrais écrire à travers les mots de Jane Austen ou un autre écrivain pour en faire mon canevas. Évidemment ça ne se fait pas ou peut être que ça s’est déjà fait, je l’ignore. Mais pour moi, disons que ce ne serait pas loin du sacrilège. Miró m’aide à m’ouvrir l’esprit, à éloigner mes barrières et améliorer mon ouverture artistique. Et à oser faire peut être des « blasphèmes» littéraires; tout est supposé être permis dans le trou!

On a exposé un morceau de carton gaufré où il a tracé quelques lignes. J’imagine que pour lui, ce n’était pas un tableau mais une étude. Et pourtant, on en a fait un œuvre d’art dans l’exposition.

Miró et le fétichisme

Autre fait m’ayant marqué chez Miró : le fétichisme des objets. Il ramassait toutes sortes de babioles : des cartes postales, des sculptures, des photos, etc., dans ses voyages, entre autre. Et il disait qu’une sorte de magnétisme se dégageait de ces choses et l’aidait à générer une ambiance créative. Je prends conscience que moi aussi je fais ça mais j’avais toujours pris cela pour un de mes défauts; ridicule d’attacher une valeur si sentimentale à un truc inanimée.


Fait encourageant pour tous, à partir de soixante ans, on parle pour Miró de sa période de maturité artistique. Cela veut peut être dire qu’il n’est jamais trop tard…

Miró au MNBAQ

J’ai ensuite invité Lhom à venir me rejoindre pour diner au resto du musée. Un des trois restaurants du MNBAQ Je me rends compte que discuter avec lui, c’est comme entendre l’écho de mes réflexions et les amener sur le terrain de mon conscient. C’est ce qui me permet de vous écrire ce texte. Merci à Lhom de si bien m’écouter.

Je lui ai parlé de ce qui m’a frappé et lui ai annoncé que je me ferais moi aussi, un trou ou une grotte à la maison. Et son petit côté humoriste m’a répondu du tac au tac: vas-tu mettre une photo de moi dans ton trou? À sa grande surprise, j’ai répondu oui, sans aucune hésitation! Car dans ma tête, j’avais déjà décidé de mettre un «fusain» de lui que nous avons chez nous.

Lorsqu’il était bambin, sa mère a fait faire un portrait par une artiste. Dans ma visite à la boutique du musée, j’avais remarqué un livre de Gabrielle Roy où on voit la photo d’un enfant. Et cette photographie me faisait penser étrangement à cette représentation de mon conjoint à l’âge de quatre ans.

Pour en lire plus sur Phrenssynnes se cultive

Ce projet de grotte m’amène à être plus ouverte par rapport aux différentes formes d’art; dans mon antre je décide que je pourrai faire aussi du dessin, de la photographie, de la peinture, etc… Je crois que cela améliorera peut-être mon écriture et à m’aidera à réaliser mon rêve d’être un jour écrivaine.

Et devinez ce que j’ai fait avant de partir? Je suis retournée à la boutique pour acheter le livre de Gabrielle Roy.

IMG_2437
Pour les chanceux qui ont déjà vu cette exposition de Miró, ça me ferait très plaisir d’avoir votre opinion sur celle-ci. Et j’attends aussi vos commentaires!

Phrenssynnes.
P.S. Je n’ai pas été rétribué pour cet article. J’ai payé mon ticket au musée ainsi que les frais de restauration (au grand plaisir de Lhom!). Le MNBAQ et le restaurant n’ont pas été mis au courant d’avance de mon projet.