Lydie Salvayre est née en France en septembre 1948.  Elle a étudié en lettres à l’université de Toulouse et ensuite en médecine.  Spécialisée en psychiatrie, elle a exercé pendant plusieurs années à Marseille. Elle a écrit plusieurs livres et a gagné de nombreux prix, dont le Prix Goncourt en 2014 pour son roman Pas pleurer.

Marcher jusqu’au soir m’a été recommandé par ma voisine, madame D.  Elle en avait entendu parler à Radio-Canada.  J’ai emprunté le bouquin à la bibliothèque.



Quatrième de couverture

« L’humeur railleuse et le verbe corrosif, Lydie Salvayre se saisit du prétexte d’une nuit passée au musée Picasso pour questionner le milieu artistique et ses institutions.  Se tournant vers son enfance de « pauvre bien élevée » et abordant sans masque son lien à un père redouté et redoutable, elle essaie de comprendre comment s’est constitué son rapport à la culture et à son pouvoir d’intimidation, tout en faisant l’éloge de Giacometti, de sa radicalité, de ses échecs revendiqués et de son infinie modestie. »

Je ne connaissais pas cette écrivaine et j’ai décidé de la découvrir.  J’aime lire différents auteurs et j’ai pensé que ce livre serait très différent de ma dernière critique: Elle et lui de Marc Lévy .

La quatrième de couverture résume bien Marcher jusqu’au soir.

L’auteure écrit sur son père, sur l’art, sur sa relation avec l’art et les musées.  Elle nous entretient sur Giacometti en tant qu’homme et artiste, de ce qu’elle a appris de ses recherches sur lui.  Certains préféreront toute cette réflexion sur l’art ou sur la vie artistique.

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Ce que j’ai moins aimé

Il n’y a pas à dire, c’est une écrivaine d’expérience.  Parfois, ses grandes envolées littéraires sont un peu laborieuses.  Elle peut nous écrire des phrases longues de deux pages avec, heureusement, quelques virgules afin de reprendre notre souffle.

Je dois vous avouer que je suis une personne souffrant d’une légère addiction à la lecture!  (Oups! Je vois un haussement de sourcils de Lhom disant : Légère tu dis???) Je lis de tout; de l’essai, de la littérature, du roman policier au roman chick lit. Et je lis n’importe où, n’importe quand. Et en sautillant souvent d’un livre à l’autre.

C’est pourquoi je peux vous suggérer qu’il faut lire Marcher jusqu’au soir dans un moment où on est capable de se concentrer sur ce livre pour bien l’apprécier.

« Mais alors que je m’apprêtais à recevoir la grâce, alors que je m’apprêtais à ressentir en plein cœur je ne sais quelle allégresse, je ne sais quel inoubliable enchantement, alors que je m’apprêtais à voir s’ouvrir un monde insoupçonné qui allait changer ma vie et ma façon de voir et  de nommer les choses, un peu comme lorsque j’avais lu mon premier roman à dix ans, […], alors que je m’apprêtais , disais-je, à voir s’ouvrir en moi un monde, je ne ressentis rien, rien qu’une morosité vague et une appréhension dont j’ignorais la cause. »

Marcher jusqu'au soir (crédit photo Phrenssynnes) Marcher jusqu’au soir (crédit photo Phrenssynnes)

 Ce que j’ai aimé

Moi ce qui m’a le plus ému, ce sont les moments d’émotions; celui, entre autres, où elle se promet de ne pas relater qu’elle s’est réfugiée dans les toilettes du musée! Ah! Ah!

Ce qui me touche, c’est qu’une femme de soixante-douze ans, psychiatre et auteure de plusieurs livres, cette dame avec toutes ses expériences de vie, aie du mal à reconnaître son émoi!  Ou plutôt, elle le reconnaît mais ne le comprend pas.  J’ai l’impression qu’elle s’attendait tellement à ressentir autre chose.  Cela lui crée un tel malaise qu’elle est victime du syndrome de la page blanche.

Pendant cette nuit au musée, elle réfléchit en écrivant et nous assistons au flux de ses pensées. Après son expérience, elle est incapable d’écrire sur ce sujet.

Quelques mois plus tard, lorsqu’elle comprend son émotion et le pourquoi de ce sentiment, son écriture débloque, elle est enfin capable d’écrire et nous pond deux cent pages!

Une citation

« […]l’esseulement et l’immensité du lieu dans lequel j’errais depuis bientôt deux heures, je recherchai d’instinct un refuge où me blottir et me mettre à l’abri.

Je ne trouvai que les toilettes.  Je m’y enfermai. 

Je restai encore un moment assise sur la cuvette des WC – si j’écris un jour ma nuit au musée, me promis-je, je ferais silence sur ce détails- et mon esprit revint plus calmement vers les deux figures de Giacometti qui m’avaient jetée dans l’effroi. »

Lydie Salvayre

L’auteure prend conscience que son interprétation de la sculpture de Giacometti, L’homme qui marche était, pour elle, celle de l’homme qui marche vers la mort. Et c’est ça, qui lui a fait tellement peur.  Surtout qu’elle est atteinte d’un cancer.  C’est après cette prise de conscience qu’elle est capable d’écrire sur cette expérience.

J’admire ici l’être humain avec une telle force de caractère pour avoir fait tout ce travail émotif, de prise de conscience et d’analyse psychologique.

Son style littéraire admirable nous fait bien ressentir ses émotions.

Quelques clins d’œil caustiques sur la littérature sont aussi très amusants.

J’ai trouvé cette lecture très enrichissante et me donne envie de lire ces autres ouvrages.

Et vous? Avez-vous lu d’autres livre de Lydie Salvayre?

Voici la photo de la semaine de Lhom.

Charleston, Caroline du Sud

Charleston (crédit photo Lhom) Charleston (crédit photo Lhom)

Phrenssynnes

p.s. Lydie Salvayre et ses éditeurs n’ont pas été mis au courant de ce projet.