Il y a quelques jours, nous avons vécu des températures caniculaires. Cela m’a rappelé un texte que j’ai écrit il y a quelques années. J’y parle de la terrasse Dufferin, un des beaux endroits où se promener l’été à Québec.

 Je vous présente Parfum d’enfance.

. . . . . .

Parfum d’enfance

J’avais eu la permission de mettre la lanière de mes chaussures de cuir verni derrière la cheville, aux talons, un peu comme des escarpins de grande dame. Je portais une petite robe fleurie et j’ai un souvenir précis de cette odeur ténébreuse de canicule. Mélange de parfum de fleurs, d’été, de clameur. Clameur de la foule animée, défilant sur la terrasse Dufferin une soirée de samedi de juillet.

Nous nous promenions, mes parents, ma sœur et moi et cela, d’un pas traînant, non pas de langueur, mais de bonheur. Circulant sur les lattes de bois me laissant entrevoir du feuillage et toutes sortes de peurs.

Clic, clac! faisaient nos pieds sur les planches.

 Ma sœur et moi devant, papa et maman, derrière. 

Il ne fallait pas toucher les lignes entre les planchettes avec mes petits souliers comme lorsqu’en allant à l’école, on ne devait pas marcher sur les lignes du trottoir. Sinon, je ne sais quelle catastrophe ou quel malheur me serait arrivé. Sur la terrasse, les lames de bois plus étroites que le trottoir m’offraient un défi plus grand. Le démon, aux aguets en ces soirs de chaleur, pourrait m’emmener dans son enfer et salir mes bas courts de coton blanc.

 Clic, clac! faisaient mes pieds sur les planches.

Des peurs filtraient à travers le jour de ces morceaux de bois, mais je savais que les fleurs de ma robe les arrêteraient. Ces frayeurs ne pouvaient m’atteindre en ces moments de crépuscule où, habillée chic, je frappais le sol, clic, clac, avec mes petits souliers.

Avançant entre les lignes dangereuses, je respirais l’air doux, parfumé. Je me sentais telle une princesse sous la protection d’un chevalier.

Nous nous approchions du remblai en demandant si les États-Unis s’étalaient de l’autre côté du fleuve.

Nous grimpions sur le bord, ma sœur et moi, en regardant en bas. J’aimais cette sensation de vertige. Je faisais confiance à cette immense clôture de fer forgé verte et solide me retenant. Et surtout, à ce rempart qu’incarnait mon père derrière moi me surveillant sans cesse.

Je me sentais attirée vers les toits des maisons, par le ravin et le fleuve plus loin. Devant nous, les arbres dans le cap nous laissaient voir leur cime dont certaines disparaissaient sous la terrasse.

Je respirais, j’avais cinq ans et la nuit m’appartenait. Les poumons remplis de cette moiteur nocturne, je m’appropriais l’odeur de Québec un samedi soir. Et surtout, la petite fille que j’étais humait la lotion après-rasage et la bonne humeur de son papa.

. . . . . .

La terrasse Dufferin

Pour ceux qui ne connaissent pas la ville de Québec, la terrasse Dufferin est une immense promenade de bois adjacente au Château Frontenac. La vue panoramique vaut le coup d’oeil et elle enrichit notre ville. Que vous soyez un touriste ou un résident de Québec, c’est une place agréable pour se balader.

«Édifiée en 1838 et agrandie en 1854 et en 1879, elle se compose d’une longue promenade en bois au-dessus du cap Diamant dans l’arrondissement historique du Vieux-Québec, dominant le fleuve Saint-Laurent, la Rive-Sud et l’île d’Orléans.»

Wikipédia

Aujourd’hui, si vous y allez, vous remarquerez, à quelques endroits,  des fenêtres sur les planches. Cela pour apercevoir, sous la terrasse, le résultat des recherches archéologiques qui ont été faites depuis mon enfance.

Cette semaine, on parlait justement de cette balustrade verte dont il est question dans mon texte.

J’espère qu’on prendra soin de ce joyau!

En souhaitant que ce billet vous donne le goût de venir faire un petit tour à Québec!

La photo de Lhom

Pour terminer, voici la photo que Lhom nous présente cette semaine.

Manchester Center, Vermont
Manchester Center, Vermont

Bonne semaine.

Phrenssynnes

P.S. Avez-vous remarqué qu’il y a du changement sur le site? Oui, mais tout n’est pas encore paramétré. Donnez-moi quelques jours ou quelques semaines et ça devrait bien rouler.