Introduction
Voici un de mes souvenirs d’enfance qui m’habite chaque été lorsque je m’aventure trop longtemps dans les bois.
Si vous êtes allergiques aux piqûres de moustiques, vous me comprendrez.
Sinon, j’espère au moins vous faire sourire.
Bonne lecture.
Stoneham
Des relents de souvenirs réveillent chez moi des sentiments équivoques pour ce lieu charmant qu’est Stoneham. J’aime l’hiver, le ski, les feux de foyer, la bonne bouffe avec les amis. Pourtant, existe dans mon esprit une sorte de dichotomie, comme si cet endroit adorable se transformait en un monde si différent l’été.


Chez mon oncle
Nous allions souvent, à l’époque de mon enfance, visiter un oncle, une tante et mes cousins, ces amateurs de pêche, de plein air et de camping. Ils possédaient un terrain en bordure de la rivière des Hurons, juste à côté de l’église du village. Mes parents, ma sœur et moi allions pique-niquer avec eux pendant les canicules. De magnifiques journées remplies aussi de maringouins, d’insectes noirs et autres horribles mouches qui raffolaient de ma douce et misérable peau.
À peine sortie de la voiture, je me transformais en une cible mouvante entourée d’une ombre de moustiques. Je devenais comme un mariage d’oiseaux. Une brume d’insectes volait dans une parfaite harmonie avec tous les mouvements de mon corps. J’avais beau courir de gauche à droite, descendre à la rivière avec mes cousins, galoper autour de la tente, cavaler dans les hautes herbes avec ma sœur, ils ne me lâchaient point. Mon exquise chair se métamorphosait en un véritable festin pour eux.
La frénésie
Mon corps entier venait dans un tel état de crispation, à l’affût du moindre effleurement que provoquaient les pattes de moustique touchant mon épiderme. Et je ne claquais jamais assez vite. De temps en temps, je criais victoire et mes yeux affolés voyaient une tache de sang auréoler le cadavre aplati de l’insecte maudit. D’autres fois, je giflais ma cuisse alors que ce n’était qu’un brin d’herbe qui m’avait chatouillé la peau. Parfois, une perle de sueur qui glissait lentement provoquait la même hystérie. C’est surtout cet état de tension musculaire qui me rendait folle. Si mal dans cette peau, véritable aimant à bibitte devenue boursouflée de piqûres. Et cette rage. Cette frénésie de démangeaison, ce prurit quasi pervers obsédait tous mes sens. Ah! Quelle jouissance que de gratter ces sales piqûres jusqu’au sang.

La tartinade ou la baignade
Quelques fois, je laissais ma mère me tartiner de chasse-moustique. Mais mon territoire épidermique déjà à feu et à sang en bénéficiait peu. Et, je me sentais visqueuse et brûlante avec cette odeur si chimique qui me poursuivait toute la journée, si artificielle et incongrue au milieu de toute cette nature.
Ou j’allais me baigner dans la rivière caillouteuse dont l’eau glaciale contribuait à modifier ma contracture. L’engourdissement gagnait mes pieds et mes jambes, c’est dans un état proche de l’apoplexie que je me mouillais le ventre. Bravement, je m’enfonçais jusqu’à la nuque. Enfin, plus d’insectes!
Faux, je finissais toujours par en apercevoir des géants avec de très longues pattes qui semblaient glisser sur la surface de l’eau comme d’habiles patineuses sur la glace. Ces araignées d’eau ne piquaient pas, me disait-on.
Le sandwich
Puis les lèvres bleues, la peau rougie de froid, je courais sur l’herbe sèche qui me picotait les pieds, pour atteindre le sandwich jambon moutarde que me tendait ma mère. Je m’enfuyais aussitôt dans la tente de mon oncle pour enlever mon maillot détrempé en me claquant à qui mieux mieux tantôt une jambe, tantôt un bras, la bobette d’une main, le sandwich dans l’autre.
Et, je zippais rapidement la fermeture éclair du campement, je sprintais, lançant ma croûte de pain dans les airs, pour me réfugier dans la voiture de mon père. La chaude canicule de l’habitacle réchauffait ma chair de poule. Après avoir fini d’écraser tous les brûlots qui avaient daigné m’accompagner dans l’automobile, j’observais le restant de la famille goûter des joies du plein air.
Mon corps exténué pouvait commencer à se détendre, une suave léthargie me gagnait, je m’allongeais sur la banquette, en profitant enfin de mon dimanche après-midi.
Mais l’horreur me réveillait toujours un instant plus tard par le harcèlement d’un fatal bourdonnement me vibrant autour de l’oreille…
Photo de Lhom
Cette petite rivière n’est pas celle des Hurons mais Lhom a pris cette photo à Stoneham.

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Effectivement, aller à la pêche est une des activités les plus à risque!
Je me souviens, Chantal, de notre partie de pêche à votre chalet. Les moustiques, c’était à virer fou!!!
Merci madame D. Effectivement, le lac Sergent doit être un endroit magnifique et rempli de moustiques!
Bon week-end.
Merci Chantal, tu comprends maintenant pourquoi je ne suis pas une grande adepte du camping. Bon week-end.
Oui, moi aussi je fais ce genre de réaction.
Bon week-end, Josée.
Ah! Ah! je me rend compte qu’on a tous un genre de souvenir comme ça. Bon week-end, Justin.
Merci Tino! Il semble y avoir une certaine universalité dans ces sensations car j’ai eu beaucoup de commentaires pour cet article.
Que de souvenirs tu as réveillés ce matin, ta description est d’une réalité amusante,j’ai vécu de ces moments horribles au lac Sergent chez mon grand-père, en même temps des souvenirs de bonheur de mon enfance.
Merci ,
Lise
Quelle belle description de l’enfer que peuvent nous faire vivre les moustiques! Je t’imaginais leur menant un combat féroce! Et très drôle en plus!
Oh que je te comprends! J’ai toujours été, et je le suis encore, la cible des moustiques. Et depuis quelques années, je fais une réaction cutanée à la moindre piqûre. L’enfer!!!
Comme je comprends ! En 10ème (selon la façon nord-américaine), j’ai dû aller faire du canoë pendant une semaine avec mes copains de classe — c’était un séjour obligatoire de mon lycée — et j’ai fini par compter plus de cent piqûres de moustiques sur mon corps. Une des pires semaines de ma vie !
J’ai bien aimé cette belle et piquante histoire. Tes descriptions tellement détaillées et vives m’ont presque fait gratter ma peau. Vive l’hiver!!